Réalisateur : Henri-Georges Clouzot
Scénario, Adaptation & Dialogues : Henri-Georges Clouzot, Charles Spaak & Jean Ferry
Acteurs Principaux : Louis Jouvet, Noël Roquevert, Jean Brochard, Serge Reggiani
Genre : Film à Sketches, Drame
Sortie : 1949
Ayant droit : TF1
5 histoires :
Sketch n° 1 : « Le retour d’Emma »
Rapatriée de Dachau dans un état physique dramatique, tante Emma retrouve sa famille pour assister à de sombres et mesquines histoires d’héritage.
Sur un lit dressé à-même le sol, tante Emma, inerte – moribonde ? – est entourée de Gaston (Bernard Blier), tante Berthe, Henriette et Charles. Chacun essaie de comprendre son état et s’interroge sur sa santé. « Ses genoux sont deux clous qui soulèvent sa chemise ». Mais ce qui préoccupe la famille à cet instant n’est pas tant la santé de tante Emma. Pendant sa captivité, son frère, l’oncle Arthur, est décédé et pour réaliser le partage, la famille a imité la signature d’Emma. A présent qu’elle est de retour, le notaire exige de recueillir sa signature authentique.
« Humainement est-il possible de le faire tout de suite ? » interroge hypocritement Charles.
Gaston se décide à parler à Tante Emma, inerte sur son lit, et lui demande de signer l’acte du notaire. Toute la famille présente, pourtant divisée sur la question du comportement des uns et des autres pendant ces quatre années, s’accorde pour obtenir ce résultat, la soulevant de concert, lui plaçant la plume dans la main, vérifiant qu’elle signe toutes les pages. Sa signature obtenue, tous les membres repartent dans le salon, satisfaits.
Sketch n° 2 : « Le retour d’Antoine »
L’hôtel Windsor, à Paris, a été réquisitionné pour devenir le quartier général des WACS. Trois cents officiers féminins de l’armée américaine y résident. Le vieux barman en place est un ami d’Antoine, qui revient de quatre années de Stalag et cherche du travail. Antoine accepte sa proposition d’être barman de nuit au Windsor, un job tranquille d’après lui, ces dames allant toutes se coucher au couvre-feu de minuit. Pour son premier soir, Antoine, est seul face à ces officières qui remontent se coucher. Puis, le room service se met à sonner en boucle avec diverses demandes : un whisky au 42, une bière au 63, des œufs au bacon au 26, une araignée à chasser du 18 …Avec chacune, des discussions s’improvisent dans leur chambre, justifiées par leurs commandes.
Passés minuit, ces officières si rigoureuses et strictes en journée (re)deviennent des femmes délicates, séductrices, et totalement immatures. « La guerre est trop longue et ce soir pour un moment elle est finie », lui dit Evelyn, qui vêtue d’une robe de soirée lui propose de l’emmener danser. Le capitaine les surprend et soustrait Antoine à la compagnie d’Evelyn pour l’entraîner dans la cuisine de l’hôtel. Antoine est un catalyseur pour ces femmes esseulées. Le capitaine finit par décider que dorénavant, Antoine sera barman de jour, et son vieil ami, barman de nuit.
Sketch n° 3 : « Le retour de Jean »
Ancien professeur, Jean Girard (Louis Jouvet) vit dans une modeste pension de famille. Blessé à la jambe lors d’une tentative d’évasion, il refuse de marcher et se dispute fréquemment avec les autres pensionnaires notamment le Commandant (Noël Roquevert). Il a pour seul ami Bernard, son docteur, pensionnaire lui aussi.
Ce soir-là, après sa piqûre, il découvre dans sa chambre un soldat allemand, gravement blessé et recherché par la police. Il décide de cacher le fuyard qu’il pense être une victime de la guerre, mais Bernard lui apprend que l’homme est un bourreau nazi. Hanté par le passé, Girard veut comprendre et presse le nazi de questions pendant que la police fouille le quartier. L’autre répond, légitimant ses actes par son idéal, se défendant d’avoir pris du plaisir aux tortures qu’il infligeait. Jean mène son procès occulte. Finalement, il envoie Bernard chercher la police, mais c’est un homme mort qui est remis aux autorités car Jean vient d’administrer au fugitif une dose mortelle de morphine, le soustrayant à la justice des hommes, et à la souffrance.
Sketch n° 4 : « Le retour de René »
René Martin, soldat libéré du Stalag, est accueilli en fanfare car il est le 1500ème rapatrié. La France, émue et compatissante, lui décerne une statuette. Il a le nom de tout le monde, il est tout le monde ! Arrivé chez lui, rien n’est plus pareil. Sa concierge lui révèle que sa femme est partie avec un autre « type », pas un allemand ou un américain, un français de la Résistance ! Elle lui apprend que son appartement est occupé… par une famille de réfugiés, un sinistré du Havre, qui vit dans ses meubles, n’entend pas lever le camp, et avoue sans gêne à Martin qu’il a donné et vendu sa collection de livres et de porcelaine.
Mais sa femme est fort mignonne et aimable. Elle lui propose la chambre de bonne. Il accepte. Les enfants des réfugiés cassent à peu près tout dans l’appartement mais René ne dit rien et part récupérer ses chiens chez son oncle. Avant la guerre, il était dresseur de chiens. « Si mes chiens ne me reconnaissent pas, il ne me reste plus rien ». Heureusement pour René, ses chiens l’accueillent mais il s’aperçoit qu’ils ont oublié toutes les figures.
Il doit retrouver ses amis au bistrot pour l’apéritif, mais personne ne vient au rendez-vous. Une bagarre éclate avec des soldats américans et René se fait assommer par sa statuette. Après quelques heures, il rentre, découragé mais apprend par la concierge que la femme qui habite chez lui est en fait la sœur du réfugié, elle est veuve, donc un cœur à prendre. Il court acheter un bouquet de fleurs et monte vite lui offrir
Sketch n° 5 : « Le retour de Louis »
“PetitLouis” est accueilli sur le quai de la gare par sa mère, comblée de le retrouver. Il n’est pas seul. Elsa, allemande, l’accompagne, il l’aime, ils se sont mariés là-bas. Les villageois sont choqués. Le maire refuse de servir Elsa au vin d’honneur. Sur le chemin qui les mènent à leur ferme, la mère de Louis lui explique ce qu’il s’est passé et pourquoi les blessures sont encore ouvertes.
Le silence et l’amertume règnent au dîner. Yvonne, la sœur de Louis, est en colère, offensée par la présence d’Elsa. Son propre mari n’est pas rentré et a été mutilé par les allemands. Louis tente d’expliquer qu’il y a pire que la cruauté de la guerre, c’est la stupidité. La mère de Louis tente d’apaiser les tensions. Une pierre est jetée à travers la fenêtre.
Le lendemain, Elsa et sa belle-mère viennent au village faire des courses, mais le commerçant refuse de leur vendre quoi que ce soit. Lors d’une fête, les hommes du village demandent au maire d’agir au nom de l’autorité des souffrances endurées.
Le maire et deux gardes champêtres font irruption à la ferme pour énoncer au son de la trompette et du roulement de tambour, la liste des hommes du village morts « à cause des allemands ». Louis ne se laisse pas impressionner, mais Elsa, à bout, s’enfuit et se jette dans le fleuve.
Tout le village s’est réuni au chevet d’Elsa. « Je n’y comprends rien, maintenant je ferais tout pour la sauver » dit l’un d’entre eux. Elle survit. A présent qu’elle a fait la démonstration de sa souffrance, le village est disposé à l’accepter.