RENCONTRES / COLLABORATIONS
CORRESPONDANCES
HGC VU PAR JEAN CLOUZOT, SON FRERE
Le 6 avril 1910, Jean, Emile, Georges, le cadet de la fratrie, vient au monde et agrandit la famille Clouzot à peine deux ans et demi après la naissance d’Henri, son frère ainé, qui modifiera plus tard son prénom en Henri-Georges (H.G). Cinq années passeront avant l’arrivée du dernier des trois, Marcel. Bien que le frère ainé se soit très tôt revendiqué de l’exclusivité du nom – « Clouzot, c’est moi », disait-il – Jean & Henri vont devenir de formidables complices dès leur plus jeune âge. Le cadet vivra cependant sa carrière cinématographique en travailleur de l’ombre.
Jean, comme son frère ainé, souhaitait entrer à l’Ecole Navale et, comme son frère, a dû renoncer à cause de sa myopie. Il se tourne alors vers l’Ecole Supérieure d’Agriculture qu’il abandonnera pour se lancer dans le journalisme. Il obtient sa carte de reporter-photographe, profession qu’il exercera jusqu’à la déclaration de guerre. C’est à cette période que Jean rencontrera sa femme, Paule Géronimi, elle aussi journaliste. Ils se marient en octobre 1937. Ils auront 3 enfants entre 1939 et 1950. A la fin de la guerre, Jean est atteint de tuberculose et, comme son frère ainé dix ans plus tôt, se retrouve au sanatorium. Après quelques années passées dans les Hautes Pyrénées, il rentre à Paris et commence à travailler avec son frère H.G, à la demande de ce dernier. Il sera l’un de ses scénaristes, co-scénaristes et dialoguistes préférés, mais bien qu’ayant collaboré étroitement aux plus grands films de l’œuvre de son frère, H.G lui interdira de porter son nom. Jean prendra alors le nom de jeune fille de sa femme auquel il ajoutera un des prénoms de son beau-père.
Jean Clouzot apparaitra ainsi le plus souvent dans les génériques sous le pseudonyme de « Jérôme Géronimi ». Par ailleurs, excellent photographe, Jean a participé aux prises de vues et photos de plateau de certains tournages, dont Le Salaire de la Peur, mais ne figurera pas au générique en qualité de photographe.Jean était et restera jusqu’à la mort d’H.G son frère préféré. Ils auront vécu ensemble l’Age d’Or de l’œuvre du Cinéaste. Hélas, cette complicité fraternelle n’aura pas empêché la souffrance psychologique du cadet, souvent rudoyé par le « Maître », cadet qui, sa vie durant, aura dû s’accommoder de la douloureuse condition d’éternel second, de travailleur de l’ombre.
C’est en collaborant à l’écriture des Orgueilleux d’Yves Allégret ou encore des Grandes manœuvres de René Clair qu’il pourra enfin jouir de son nom au générique : Jean Clouzot. Ceux qui ont travaillé avec H-G savent que l’indiscutable talent de scénariste-dialoguiste de son frère Jean aura pleinement contribué à la réussite des films récompensés.